Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/240

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DR CHAMFORT. •22i)

Louis XV, à travers la foule immense du peuple qui passait tour-à-tour d’un siieiiee profond à de bruyantes acclamations, et rénnissait dans sa marche et dans son maintien Texpression d’une sorte de terreur à celle de l’allégresse, toutes les deiix également effrayantes. On arriva ainsi jus- qu’aux Champs-Elysées où étaient retranchées d’autres troupes étrangères. Aucune ne iit le moindre mouvement: les «ardes-francaises eurent le choix du poste qui leur convenait ; et ce poste choisi, ils le gardèrent tranquillement pendant cette nuit alarmante, se trouvant ainsi placés entre l’armée du ministère et leurs concitoyens, dont ils étaient devenus l’espérance et l’appai.

Divers incidens nés de la même cause accélé- raient, dans la caj)itale, les progrès d’un mou- vement universel. Vers la même heure, sur le boulevard, mais beaucoup plus loin, un fort déta- chement de Royal-Cravate, vint se poster au bout de la rue du Temple, en face des petits specta- cles. Là, ils firent plusieurs évolutions en pré- sence d’une foule de curieux, dont le nombre, considérable en tout temps et surtout le diman- che, se trouvait encore accru par I i clôture ino- pinée des théâtres voisins. Le résultat de ces é\ o- lutions fut enfin de se ranimer en Ijataille ; el en dernier lieu, lorsque ces cavalicns barraient toute la largeur du boulevard, uii ordre que l’on n’en- tendit pas, les fit partir à la fois comme un trait et à bride abattue, renversant dans leur course