Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/271

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a6o ŒUVRES

procureur, montés sur un banc, leur répondirent, avec un extérieur tranquille : « Pvlessieurs, votre volonté sera faite )i ; et à l’instant on leur fit distri- buer six cents livres. Un murmure de méconten- tement fit connaître que la somme paraissait mo- dique; et aussitôt on leur donna une autre somme de huit cents livres. Cette seconde distribution parut les calmer,• et, pressentant que leur nom- bre allait s’accroître, ils se hâtèrent d’en faire le partage avant l’arrivée des survenans.

Aussitôt après cette seconde distribution, les chefs avaient envoyé quelques-uns de leurs su- bordonnés parcourir la maison, pour prendre connaissance des lieux, et diriger l’attaque ; c’est ce qu’ils appelaient la visite de leurs ingénieurs. Ceux-ci se firent attendre jusqu’à cinq heures et demie, tandis que les cours se remplissaient de monde, hommes, femmes, enfans, qui atten- daient six heures, moment où devait commencer l’attaque générale.

Le sional se donne : aussitôt ils courent aux appartemens les plus riches et qui renfermaient les objets les plus précieux, au secrétariat géné- ral de l’ordre, à la pharmacie à la bibliothèque, toutes les deux célèbres, à l’appartement du su- périeur général, où ils trouvent des reliques qu’ils brisent, un coffre-fort qu’ils enfoncent, de l’or qu’ils saisissent, qu’ils se disputent, pour lequel ils se battent. Les cris, les imprécations, les hurlemens retentissent à travers le bruit dci