Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/293

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l’armée inactive; et cepeiidant ces trois ou quatre mille hommes coûtaient à 1 état deux millions, sur les six millions trois cents mille livres des- tinées aux vingt-huit mille défenseurs de la patrie. Cet abus, comme tant d’autres, dénoncé à l’As- semblée nationale par un de ses membres les plus vertueux et les plus patriotes (i), fut ré- formé dès la seconde année de la liberté fran- çaise ; et le temps amènera sans doute des chan- gemens encore plus favorables à cette classe de guerriers, autrefois soldats du prince, et main- tenant soldats de la patrie. Déjà plusieurs ont res- senti ses bienfaits, et entre autres la liberté de quitter cet hôtel, où un esprit moitié militaire, moitié monacal, les soumettait aux règles minu- tieuses d’une discipline inutile et gênante. Heu- reux maintenant de pouvoir vivre en conservant leur traitement dans les lieux qui leur rappèlent des souvenirs chéris, et où ils pourront trouver des sentimens affectueux, des soins consolateurs : plus de deux mille de ces guerriers, habitans de l’hôtel, ont profité de cette faveur ; et, dans le nombre, on a vu avec intérêt des vieillards plus qu’octogénaires, tant l’indépendance a de charmes, tant elle exerce d’empire même sur les âmes que l’âge a presque fermées à tout autre sentiment i Le tableau des abus qu’offrait l’administration

(i) M. Diibois-Crancé.