Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/30

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DE CHAMFORT. I9

perdu ; et nous n’en viendrons pas moins souper chez vous. »

— M...., provençal, qui a des idées assez plai- santes, me disait, à propos des rois et même des ministres, que, la machine étant bien montée, le choix des uns et des autres était indifférent : « Ce sont, disait-il, des chiens dans un tourne- broche ; il suffit qu’ils remuent les pattes pour que tout aille bien. Que le chien soit beau, qu’il ait de l’intelligence, ou du nez, ou rien de tout cela, la broche tourne, et le soupe sera toujours à peu près bon. »

— On faisait une procession avec la châsse de Sainte -Geneviève, pour obtenir de la sécheresse. A peine la procession fut-elle en route, qu’il commença à pleuvoir ; sur quoi l’évéque de Cas- tres dit plaisamment : « La sainte se trompe ; elle croit qu’on lui demande de la pluie. )>

— c( Au ton qui règne depuis dix ans dans la littérature, disait M...., la célébrité littéraire me paraît une espèce de diffamation qui n’a pas en- core tout à fait autant de mauvais effets que le carcan ; mais cela viendra, j

— On venait de citer quelques traits de la gour- mandise de plusieurs souverains. «Que voulez- vous, dit le bonhomme M. de Brequigny ; que voulez-vous que fassent ces pauvres rois? Il faut bien qu’ils mangent. »

— On demandait à une duchesse de Rohan, à quelle époque elle comptait accoucher, a Je me