Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/340

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DE CH A M FORT. 0.1C)

rait à Paris des le lendemain, pour satisfaire à l’enipressement du peuple et dissiper ses inquié- tudes. Il serait difficile d’expriraei- les transports que firent naître ces heureuses nouvelles. Plu- sieurs députés de l’assemblée nationale prévinrent volontairement la députation que l’assemblée ju- £;ea convenable d’envoyer à Paris : honneur dû au civimehéroïquedelacapitale.Ilsfurentrerusavec un entliousiamequi n’eut d’égal que celui qui pré- cipita tous les citoyens au devant de la députation entière. Les appiaudissemens, les vœux, les bénédic- tions, les doux noms de pères, de frères, d’amis, prodigués avec une effusion touchante, suivant les convenances d’âges, de liaisons, de rapports ; les fleurs semées sur leurs pas ou jetées du haut des fenêtres; le mélange confus de tous les rangs, de toutes les conditions, de tous les costumes, un certain désordre attendrissant mêlé d’une con- fiance fraternelle, sont les plus faibles trafts de ce tableau, dont ne peuvent se faire l’idée ceux qui ne l’ont pas vu, et qu’il suffit de rappeler à ceux qui en ont joui. On eût dit que l’amour, pré- venant le décret qui devait rendre les Français égaux, en avait fait d’avance un peuple de frères. Moment heureux €t trop court, qui n’annonçait pas les fureurs auxquelles devait bientôt se porter une partie des Français, quand la loi leur ferait un devoir de cette égalité, seule base inébranlable de la société et de la vraie morale parmi les hommes ! C’est à riiùtel- de-ville que cette allégresse, d’ail-