Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/373

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Gl OEUVRES

tiuîis que le perple manifestait sa défiance et son inquiétude : Texpérience a montré depuis com- bien elles étaient ft.ndées. De pareilles disposi- tions, liécessaires, inévitables, et sans lesquelles la révolution eût échoué, devaient sauver la France ; mais elles devaient aussi occasionner pas- sagèrement les plus grands désordres. Elles don- nèrent lieu à dr’s méj)ri.#s fâcheuses, à des catas- trophes funestes. Peu s’en fallut que la scène qui fait !e sujet de ce tableau n’augmentât le nombre de ces victimes malheureuses, et ne privât la pa- trie d’un citoen respectable qui l’avait servie avec zèle.

Paris était dans la joie depuis vingt-quatre heures, *etja ais chez aucun peuple laliégresse publique n’avait eu une cause au.ssi uTmorable : c’était l’abolition de îa servitude féodale, pronon- cée par un décret ; c’était la destruction de tous les pri iîéges sous lesq’ieis la France gémissait depuis tant de siècles; enfui, c’était cette fameuse nuit, ap})elée depuis la /mit des sacri; ces. Le peuple, ai! milieu de cette juste ivresse, ne veil- lait pas moins à tout ; et ces nouveaux succès ne le rassuiaient pas. Quelques citovens voient pas- ser un bateau au port Saint-Paul : ils s’informent de i-’A cargaison. Ou leur répond que c’étaient des poudres et des munitions, qui venaient d’être ti- rées de larsena], et d(»nt la destination était pour Essone. On s’alarme ; le peuple se rassemble, le tumulte s’accroît, les esprits s’échauffent. On