Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/408

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pouvait-il les connaître ? Le meurtre qu’il avait commis avait sauvé la république ; il avait chéri sa victime ; il l’avait, dans un combat, couvert de sa personne ; mais Timopliahe aspire à la ty- rannie, Timoléon l’immole et pleure son frère. Il le pleure vingt ans, enseveli dans la retraite, et se croyant un objet de la haine céleste, non pour avoir châtié un tyran, mais pour l’avoir trouvé dans un frère qu’il chérissait. A la prière des am- bassadeurs syracusains qui demandent un géné- ral, un ennemi des tyrans, un vengeur de la liberté, le peuple s’écrie : « Timoléon ! » On dé- pute vers lui, on le presse ; il obéit sans joie : il part.

Le nom de Timoléon avait hâté la levée des troupes. Il voit de loin la côte de Sicile ; mais pour arriver à Syracuse, il fallait échapper à la flotte des Carthaginois. Son habileté triomphe de cet obstacle : il aborde; il bat Jectas, tyran de Léonte, qui, sous prétexte de délivrer les Syracusains contre Denis, aspirait à le remplacer. Sa victoire lui livre Syracuse. Il renvoie Denis à (jlorinthe, voyage qui fit un proverbe dans la Grèce. Il fallait encore renvoyer les Africains à Carthage ; c’est ce que fit une nouvelle victoire de Timoléon. Les conditions de paix qu’il leur imposa assurèrent la liberté de toutes les villes grecques qu’ils avaient opprimées ; et déjà ses soins avaient purgé la Sicile des tyrans qui ne dépei\daient pas des Car- thaginois. De retour à Syracuse, il se donne à