Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/71

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encore honorer le mérite ? M. de B. ouvre de grands yeux, montre un étoimement stupide ; il croit que cet homme vient de gagner un quaterne à la loterie : il l’appelle mon cher un tel, quand la société la plus distinguée vient de le traiter avec la plus grande considération. J’ai vu plusieurs de ces scènes dignes du pinceau de La Bruyère.

— J’ai bien examiné M...., et son caractère m’a paru piquant : très-aimable, et nulle envie de plaire, si ce n’est à ses amis ou à ceux qu’il estime ; en récompense, une grande crainte de déplaire. Ce sentiment est juste, et accorde ce qu’on doit à l’amitié et ce qu’on doit à la société. On peut faire plus de bien que lui : nul ne fera moins de mal. On sera plus empressé, jamais moins importun. On caressera davantage : on ne choquera jamais moins.

— L’abbé Delille devait lire des vers à l’acadé- mie pour la réception d’un de ses amis. Sur quoi il disait : « Je voudrais bien qu’on ne le sût pas d’avance, mais je crains bien de le dire à tout le monde. »

— Madame Beauzée couchait avec un maître de langue allemande. M. Beauzée les surprit au re tour de l’académie. L’Allemand dit à la femme : <f Quand je vous disais qu’il était temps que je m’en aille. yy M. Beauzée, toujours puriste, lui dit : « Que je ni en allasse, monsieur.»

— M. Dubreuil, pendant la maladie dont il mourut, disait à son ami M. Pehméja : « Mon