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8o ŒUVRES

de ce qu’il vivait dans un commerce criminel avqc madame Tilaurier. « Il faut, pour réussir, que vous soyez en harmonie avec les puissances invi- sibles et avec leur chef, l’Être Suprême. Épousez ou quittez madame Tilaurier. » Celle-ci redoubla de coquetterie ; d’Epréménil épousa, et il n’y eut que sa femme qui trouva la pierre philosophale.

— On disait à Louis xv qu’un de ses gardes, qu’on lui nommait, allait mourir sur-le-champ, poiu* a oir fait la mauvaise plaisanterie d’avaler un écu de six livres. « Ah ! bon Dieu, dit le roi, qu’on aille chercher Andouillet, Lamartinière, Lassone. — Sire, dit le duc de Noailles, ce ne sont point là les gens qu’il faut. — Et qui donc ? — Sire, c’est l’abbé Terray. — L’abbé Terray ! comment ? — H arrivera, il mettra sur ce gros écu un premier dixième, un second dixième, un premier vingtième, un second vingtième ; le gros écu sera réduit à trente-six sous, comme les nôtres ; il s’en ira par les voies ordinaires, et voilà le malade guéri. » Cette plaisanterie fut la seule qui ait fait de la peine à l’abbé Terray ; c’est la seule dont il eût conservé le souvenir : il le dit lui même au marquis de Sesmaisons.

— M. d’Ormesson, étant contrôleur-général, disait devant vingt personnes qu’il avait long- temps cherché à quoi pouvaient avoir été utiles des gens comme Corneille, Boileau, La Fontaine, et qu’il ne l’avait jamais pu trouver. Cela passait, car, quand on est contrôleur-général, tout passe.