Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/93

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rée, que la bigoterie de Louis xiv exerça contre ceux qui faisaient gras les jours maigres ; les re- cherches à Paris et dans les provinces que faisaient les evéques et les intendans sur les hommes et les femmes qui étaient soupçonnés de vivre en- semble, recherches qui firent déclarer plusieurs mariages secrets. On aimait mieux s’exposer aux inconvéniens d’un mariage déclaré avant le temps, qu’aux effets de la persécution du roi et des prêtres. JN’était-ce pas une ruse de madame de Maintenon qui voulait par là faire deviner qu’elle était reine ?

• — On appela à la cour le célèbre Levret, pour accoucher la feue dauphine. M. le dauphin lui dit : « ous êtes bien content, M. Levret, d’accoucher madame la dauphine ? cela va vous faire de la ré- putation. — Si ma réputation n’était pas faite, dit tranquillement l’accoucheur, je ne serais pas ici. »

— Duclos disait un jour à madame de Roche- fort et à madame de Mirepoix, que les courti- sanes devenaient bégueules, et ne voulaient plus entendre le moindre conte un peu trop vif. « Elles étaient, disait-il, plus timorées que les femmes honnêtes. » Et là-dessus, il enfile une histoire fort gaie ; puis une autre encore plus forte ; enfin à une troisième qui commençait encore plus vive- ment, madame de Rochefort l’arrête et lui dit : « Prenez donc garde, Duclos, vous nous croyez aussi par trop honnêtes femmes. »

— Le cocher du roi de Prusse l’ayant renversé,