Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/11

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DE CHAMFORÏ. n

ques et vraies, et souvent à se corriger. Voilà pourquoi Molière est autant au-dessus des simples moralistes, qu'un grand peintre d'histoire peut être au-dessus d'un peintre de portraits. Pourvu qu'on soit observateur éclairé et historien exact, on va bien rendre un caractère qu'on a sous les yeux; mais on ne peut composer une bonne co- médie, ou un excellent roman , sans être doué de beaucoup de génie, ce qui n'empêche pourtant pas qu'on n'atteigne très-difficilement à la supé- riorité dans tous les genres, et que La Bruyère ne soit un grand écrivain.

C'est précisément La Bruyère qu'a voulu imiter l'auteur des nouvelles Considérations sur V Esprit et les Mœurs; et nous espérons que nos lecteurs seront à même de juger, d'après le compte que nous allons rendre de cet ouvrage, s'il n'est pas souvent digne de son modèle.

Nous allons mettre le plus d'ordre possible dans l'extrait d'un ouvrage qui , par son plan, est peu susceptible d'analyse.

L'auteur des nouvelles Considérutions observe d'abord V esprit sous ses diflerens rapports : dans les affaires , dans le monde , dans la conversation , dans sa marche générale. Il remarque l'influence des passions sur l'esprit; mais il n'appuie peut- être pas assez siu^ ce ressort puissant, que d'au- tres philosophes ont regardé comme le premier et peut-être le seul mobile de l'esprit.

Il passe ensuite à ce qu'on nomme simplement

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