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DE CHAMFORT. I2Ï

les pécheurs, avec le juif et le samaritain. L'égalité surtout lui paraît le principe fondamental de la religion chrétienne. C'est ce principe d'égalité, inné chez les hommes, qui contribua le plus à répandre les lumières du christianisme; et dans les derniers siècles même, c'est ce qui le fit recevoir avec tant d'ardeur au Japon , où le peuple gémis- sait écrasé sous le joug aristocratique. L'orateur se contente d'indiquer ici , d'un mot et avec sagesse, ce qu'il ne devait pas développer davantage à ses paroissiens. Les lecteurs plus instruits savent que le christianisme, après avoir été près d'opérer, en paraissant au Japon , une révolution politique, après s'y être introduit en prêchant l'égalité, l'hu- milité, fut banni de cet empire par l'orgueilleuse démence d'un prêtre portugais , qui s'avisa de disputer le pas à l'un des premiers officiers du roi. Le peuple, qui d'abord avait saisi avec une avidité inconcevable la nouvelle doctrine dont il espérait la fin de ses peines et de son avilisse- ment, crut, en voyant ce ridicule orgueil, qu'oii l'avait trompé. Il prêta des desseins perfides à des hommes dont la conduite était si opposée aux principes de la religion qu'ils annonçaient. On voit que saint François - Xavier avait prêché le vrai christianisme, celui de l'évangile : et c'est par là qu'il avait réussi. Mais ce succès ne se sou- tint point, parce qu'ensuite on prêcha un chris- tianisme tout différent, celui de notre haut clergé; distinction que les Japonais , peuple fort ignorant.

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