Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/127

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DE CHAMFORT. 123

Français. » Il finit par une invocation simple et tou- chante à la divinité. A présent t>ous êtes Français, est à la fois d'un mouvement noble et d'un sens profond. On pourrait dire à ce vertueux curé, et à ceux qui ont donné le même exemple : « A présent , vous êtes de vrais chrétiens et de dignes apôtres d'une religion que vous rendrez respectable. « Qu'on sup- pose, en effet, que la religion n'eût jamais eu que de pareils ministres, qui pourra nier qu'elle n'eût été la bienfaitrice de la terre ? Quel incrédule assez froid, quel raisonneur assez dur eût tenté jamais d'ébranler les fondemens d'une religion, qui ne se fût manifestée que par des vertus et des bien- faits ? ou si l'on feût essayé , quel succès pouvait- on attendre d'une pareille tentative? C'est sans doute ce sentiment qu'exprimait un autre prêtre , non moins vertueux , lorsqu'on apprenant le dé- cret de l'assemblée nationale sur les biens du clergé, il dit pour toute expression de regret : « J'aurai donc le plaisir de voir, avant ma mort, la religion respectée ! » Celui qui parlait ainsi est pourtant jeune encore, pourvu non très-riche- ment , mais avantageusement de biens d'église , dont il perdra sans doute une grande partie. Il faut convenir qu'un tel prêtre, capable d'un si noble désintéressement , paraît un peu plus con- vaincu de la religion , et fait plus pour elle que les défenseurs des propriétés ecclésiastiques.

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