Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHAMFORT. 1 47

qu'il prétend par cette exclamation : « à quoi bon une éducation publique? -a Çj^ n'est sans doute qu'un mouvement d'humeur , puisqu'il paraît attendre de l'Assemblée nationale un code d éducation digne des législateurs d'un grand empire. Ce sera pro- bablement un des bienfaits par lesquels l'As- semblée nationale terminera cette première ses- sion ; mais ce ne sera pas l'un des moins im- portans. Tous les bons citoyens désirent surtout , comme M. Rivière , qu'on multiplie les petites écoles dans les villes, bourgs et villages, en faveur de ceux qui ne peuvent faire une certaine dépense pour l'instruction de leurs enfans. Cette nom- breuse partie du peuple, jusqu'aujourd'hui si né- gligée , se trouve encore dans un état d'ignorance et d'abrutissement capable de retarder , pour elle- même, les plus heureux effets d'une révolution dont elle a seule profité , du moins jusqu'à ce moment.

C'est à la fois le fruit de la misère où elle était plongée , et du soin qu'on prenait d'écarter d'elle toute instruction. Le gouvernement qui, par les gènes mises à la presse , et en quelque sorte à la pensée , n'a pu empêcher les lumières de se ré- pandre dans la classe mitoyenne , n'a eu que trop de moyens de les tenir éloignées de la classe indigente. C'est un des obstacles qu'il rencontrera au retour de l'ordre , lorsque , plus éclairé lui- même, il sera contraint de le désirer sincèrement; car enfin ne fût-ce que par lassitude , il faudra

�� �