Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/17

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DE CHAMFORT. l3

» prises avec l'iiifortuiie. Un autre spectacle non » moins beau , c'est de voir un roi vertueux lut- » tant contre les séductions qu'on s'efforce de mul- » tipiier autour de lui, fermant ses oreilles à la » voix de la flatterie, et dissipant les nuages qu'on » élève sans cesse autour de la vérité. »

Les bornes de ce journal ne nous permettent pas de rapporter ici le parallèle que fait l'auteur d'Henri iv et de Louis xiv; qu'il nous suffise de dire que ce parallèle est à l'avantage de Louis xiv.

Nous avouons avec l'auteur qu'Henri iv dut en partie ses grandes qualités à la rudesse de son édu- cation et à ses malheurs. Nous convenons même qu'il a eu beaucoup de failjlesscs, et nous n'essaie- rons pas de le justifier d'avoir laissé mourir Biron sur un échafaud : mais s'il n'a pas été un prince parfait, en a-t-il moins droit d'être compté au rang des grands hommes, et surtout au rang des bons rois ? Ne fut-il pas général habile , brave sol- dat, ami sensible, amant généreux, époux indul- gent et père tendre ? N'a-t-il pas fait à son peuple tout le bien qu'il a pu lui faire, et ne travaillait-il pas sans relâche à le rendre heureux?

Loin de nous la coupable envie d'obscurcir la gloire de Louis xiv ; mais, de quelque éclat dont elle brille encore, elle ne peut nous éblouir assez pour nous faire préférer ce prince à son aïeul. H était né , sans doute , avec luie grande àme ; il a déployé sur le trône des vertus éclatantes. Mais n'a-t-il pas trop écouté la flatterie , l'orgueil et la

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