Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/173

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DE CHAMFORT. 1 69

» dans un âge peu avancé, qu'allez- vous m'ot- » frir après trente ans de travail ? peut - être le » pain de raumône. Ali ! malheureux , j'ai trop » vécu. Vous m'accusez d'imprévoyance , mais » en est-il un seul parmi vous qui , largement » stipendié par le gouvernement dans sa jeu- » nesse , puisse se passer de tout secours ? Des ' » pensions , des grâces vous assurent ime exis- » tence douce ; et en cessant de travailler, on vous » paye encore. Et moi , si ceux qui me connais- » sent sont pauvres et me forcent d'aller men- » dier au loin la subsistance d'un jour , on m'en- » ferme comme un homme dangereux ; toutes » les bouches semblent répéter : Malheureux , tu » as ti'op vécu! »

Les autres reproches faits au pauvre , sont re- poussés par M. de Montlinotavec la même énergie et la même sensibilité.

Des principes établis par l'auteur et des faits qui appuyent ces principes , il résulte que la men- dicité est un effet nécessaire de l'état social ; que cet acte ne peut être ni un crime , ni un délit , à moins qu'il ne soit uni à une action qui trouble l'ordre public : alors il devient un objet de po- lice. Cependant il a presque toujours été puni comme un délit ; et M. de Montlinot cite vingt-huit ou vingt-neuf lois publiées contre ce délit depuis environ deux siècles. Telle était encore l'ignorance de l'administration en 1777 , que , dans l'ordon- nance alors promulguée , on Ihil dire au roi, « qjie

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