Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

querelles, sous peiue d’être soupçonnés d’indifférence pour la religion, elles prirent une importance qui se répandit jusque sur les théologiens et les rendit redoutables aux empereurs. Les mêmes causes produisirent le même effet dans l’Occident; et semblable à ces maladies qui, plus terribles dans les climats où elles sont transplantées que dans les pays où elles sont habituelles , la théologie parut avoir réservé poiu* l’église latine, plus ignorante et plus grossière, ses symptômes les plus effrayans. Ce fut un des fruits apportés d’Orient en Europe avec la lèpre, autre conquête des Croisés. C’est vers ce temps que brillèrent en France Abailard , Pierre Lombard, la Porée, et leurs disciples, qui, d’après les Grecs modernes, appliquèrent à la théologie chrétienne les vétilleuses distinctions imaginées par les anciens sophistes. Cette habitude d’escrime scolastique fit naître, dans l’espace de peu d’années, un grand nombre d’hérésies, dont les noms sont ensevelis avec celui de leurs auteurs. La seule qui ait conservé une triste célébrité, est celle des Albigeois, qui entraîna la ruine d’un peuple, et fit établir en Languedoc le tribunal de l’inquisition. Il existait en France plusieurs de ces écoles plus ou moins fameuses , lorsqu’un pauvre prêtre champenois, nommé Sorbon , devint le fondateur d’une école qui les éclipsa toutes. Il obtint de saint Louis, dont la tête était affaiblie par les maladies et les fatigues de la guerre, un emplace-