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de son pays par les grâces de la cour , aller , eir qualité de cardinal, demander à cette même cour qu'on livrât à ini prince étranger un citoyen ver- tueux, un sujet fidèle , coupabJe d'avoir défendu les droits de la royauté , les prérogatives de la couronne et l'inviolabilité de îa personne des rois? Rien n'étonne après une telle insolence. Mais on peut s'indigner de voir le pape hasarder l'enlève- ment de Riclier. On s'indigne de voir cet enlève- ment près d'être effectué au milieu de Paris, par d'Epernon , couvert lui - même des bienfaits de Henri ni et de Henri iv. Quel intérêt pouvait en- gager ainsi un Français du premier rang à se dés- honorer par une telle bassesse ? le chapeau de cardinal promis à la Valette, fils du duc d'Eper- non. Le garde des sceaux, du Vair, magistrat jadis intègre , fut prié de faire cesser cette persécution à l'égard d'un citoyen qu'il estimait. Sa réponse fut que Riclier ne devait p^w être plus sage que le temps. Quel intérêt dictait cette lâche réponse ? l'espoir du chapeau qu'ambitionnait du Vair, déjà évêque de Lisieux.

Voyons la suite, et continuons d'admirer les effets clu chapeau. Plusieurs années se passent, et Richelieu parvient à la toute-puissance; Richelieu, cet homme si haut, par qui l'autorité royale était devenue arbitraire, et qui rapportait tout à la splendeur du trône; eh bien! il se rend complice de ceux qui veulent l'avilir ; il s'engage à obtenir la rétractation de Richer. Après avoir inutilement

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