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284 OEUVRES

des vexations coupables, et d'énormes abus de crédit. On peut citer, entre autres exemples, sa conduite à l'égard d'un particulier, voisin du maréchal, et qui ne put jamais, du vivant de M. de Richelieu, disposer d'un terrain qu'il avait acquis du roi , et où il voulait faire bâtir. Ce mot de crédit peut étonner dans son applica- tion à un homme assez maltraité du maître. iMais tel était l'effet d'une ancienne faveur, que lors même qu'elle n'existait plus, il en restait toujours le crédit d'opprimer à la ville : c'était bien la moindre chose. Maréchal de France et premier gentilhomme de la chanibre, M. de Richelieu, avec ses entours et sa célébrité, avait des droits certains à la complaisance des gens en place, qui pouvaient craindre encore son habileté en in- trigues. De plus, il faut savoir qu'in iépendam- mentde la réserve qu imposait la prudence, une convention tacite avait tourné en mode, chère à l'orgueil , la nécessité des ménagemens entre gens de la tnéine espèce. Ainsi faciliter ou du moins p( rmettre l'oppression d'un inféiieur, était une convenance d'état dont on ne j)ouvait , entre honnêtes gens, se dispenser sans indécence. Protéger le faible ou l'innocent contre certains persécuteurs, paraissait im oul)li des usages reçus entre personnes d'un cntain rang : c'était un manque de savoir vivre. Peu de reproches étaient pins graves. Aussi , en pareil cas , n'y recourait-on (pi'à ia dernière ex.trèmité, qu'après

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