Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/30

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justice, devient juste en Angleterre; ils demande- ront si les Anglais ont été conlens de l'idée qu'on voulait donner de leur justice nationale. INIais en abandonnant cette question à laquelle il serait difficile de répondre , nos novateurs se vantent d'avoir prouvé que l'idée d'une banqueroute na- tionale est un monstre en politique , et que cette crainte n'est qu'une chimère. Ils prouvent par des chiffres ( car enfin ils savent aussi compter ) , ils prouvent q.i'en Angleterre , depuis 1690 jusqu'à nos jours , le montant du revenu territorial , le prix des denrées, celui des marchandises, le sa- laire des journées , la dette pubhque, l'impôt, les exportations et la richesse nationale s'étant accrus dans une proportion exacte et respective, les an- ciens rapports entre toutes les parties de la so- ciété se trou'. ent les mêmes qu'avant la dette et les taxes qiù doivent en payer l'intérêt. Il résulte , selon eux , que la banqueroute des fonds publics en Angleterre est un fantôme qui a trop long- temps effrayé les Anglais eux-mêmes. jMais il paraît qu'ils commencent à revenir de leur peur. Il reste à expliquer, dans ce système, comment a pu s'o- pérer cette merveille du niveau établi et maintenu entre la dette publique et les taxes qui en paient l'intérêt. Elle s'est opérée d'elle-même , par l'effet nécessaire de la liberté , dans un pays où nulle classe d'hommes ne pouvant être opprimée par un autre , où un intérêt peut se défendre contre les agressions d'un autre intérêt, le prix des jour-

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