Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/318

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des cris de viy^e V Empereur ! L'ambassadeur de France jeta de i'argeiit à cette populace , qui cria và'e France ! et se retira. ]\îais il en fut au- trement devant le palais du cardinal Aquaviva , protecteur d'Espagne. Celui-ci , se croyant bravé, ouvre sa fenêtre ; et vingt coups de fusil , partis à la fois , jettent à terre autant de morts ou de blessés. Le peuple veut incendier le palais , et y brûler Aquaviva. Mais celui-ci s'était assuré de plus de mille braves dont il couvrit la place. Quatre pièces de canon , chargées à cartouches , en imposent au peuple. Qui croirait que le pape, avec l'autorité absolue et un corps de tKOupes , n'ait jamais songé à faire au peuple quelque jus- tice du cardinal ? Voilà de terribles effets de la Ijrepotenza. Ce n'est pas tout : ce cardinal Aqua- viva eut , dans les derniers jours de sa vie , tant de remords de ses violences, qu'il voulut en faii'e publiquement amende lionorable: on en a fait à moins ; mais le sacré collège ne voulut jamais le permettre , pour l'honneur de la pourpre. Ainsi , dans la capitale du monde chrétien , l'expression du remords , cette vertu du pécheur et sa seule ressource , fut interdite à un prêtre trop peu châ- tié par ses remords; et ce trionjphe de l'orgueil sur ime religion d'humilité, fut l'ouvrage de ceux qui se portent pour successeurs de ses premiers apô- tres. La religion durera sans doute, mais \a pre- potenza ne peut pas durer.

Après quatre mois de sc^jour dans ce beau pays,

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