Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/332

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la liberté, qui le lui fit entreprendre en 1788; et c'est cette même passion qui le lui fait publier en 1791. Il a pensé qu'il fallait offrir à un peuple nouvellement libre , le tableau des moeurs qui maintiennent la liberté. «On peut, dit-il, la con- quérir sans mœurs ; mais , sans mœurs, on ne peut la conserver; » c'est l'épii^raplie de son livre ; et sans cesse , dans le cours de son ouvrage , il revient à cette vérité. On ne peut se dissimuler ce qu'elle a d'effrayant pour la France ; mais au milieu des craintes qu'elle inspire , plusieurs considérations sont propres à rassurer. La pré- cipitation même avec laquelle s'est opérée la ré- volution , a détruit ou encombré plusieurs des sources qui fournissaient un aliment aux mau- vaises mœurs. Elle force tous ceux que d'anciennes habitudes n'ont pas entièrement pervertis , à revenir à des idées plus saines , à renoncer à des goûts frivoles et dispendieux , à s'occnper de tra- vaux utiles |Toiu" eux-mêmes. Elle amène forcé- ment une habitude de raison qui , après le re- tour de l'ordre et du calme , passera des mœurs privées aux mœurs publiques. Les Français , en se donnant une constitution plus forte que ne l'était la nation à l'époque où elle se l'est donnée, se sont mis dans la nécessité de hâter leur marche vers des mœurs simples et fortes, dignes de cette constitution. Le progrès que leurs idées ont fait depuis deux ans, donne la juste espérance de voir leurs mœurs se mettre en accord avec leurs

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