Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/368

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OV-UVRES

les malheurs du genre humaiu n'ont point été perdus pour son instruction. 11 combat surtout l'idée d'une perfection rétrograde , par lacpielle les tyrans s'attachent à détruire l'espérance d'une perfection progressive. 11 lui rend sensibles tous les progrès de la société , par la comparaison des siècles passés et des temps modernes , par la des- truction d'un grand nombre depiéjugés politiques et religieux , par les hasards heureux qui ont fait tourner à l'avantage des peuples certains abus , certains inconvéniens , surtout par le bienfait divin de l'art de l'imprimerie. A ces motifs de consolation , le voyageur oppose le tableau affli- geant que présente encore la société sur la plus grande partie du globe : l'/isie entière ensevelie dans les ténèbres ; le Chinois gouverné par des coups de bambou ; l'Indien accablé de préjugés, enchaîné par les liens sacrés de ses castes ; l'Arabe affaibli dans l'anarchie de ses tribus ; l'Africain dégradé de la condition d'homme; \cs peuj)!es du iNord réduits à celle des troupeaux , jouets de grands propriétaires, etc.

I^a douleur et l'affliction qui pénètrent le voya- geur , excitent un nouveau degré d'intérêt dans l'âme du génie ; et anticipant de quelques années sur le siècle prêta naître, il le fait jouir du plus grand tableau qu'ait présenté la révolution fran- çaise.

Au sein d'une vaste cité , dans le mouvement prodigieux qu'excite une sédition violente, on voit

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