Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/37

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cher : incroyable effet de l’amour des sciences. « J’avais trouvé dans les bois, dit M. le Vaillant, un vieux arbre mort, dont le tronc était creux; c’est là que, malgré les pluies continuelles, je passais presque toutes mes journées à guetter les petits oiseaux et le gibier qui se présentaient : j’y étais du moins à l’abri de la pluie, et me nourrissais d’espérance. De cette niche sacrée, j’abattais impunément tout ce qui se montrait devant moi. Ainsi, l’étude de la nature l’emportait sur les premiers besoins : je mourais de faim, et songeais à des collections. »

C’est dans l’ouvrage même qu’il faut lire la description du genre de vie qu’il menait dans son séjour à Pompoen-Rraal , partagé entre les plaisirs de ses diverses chasses, de ses études, sous le plus beau ciel, dans la société de ses animaux domestiques et de ses fidèles Hottentots, qu’il traitait en amis, qu’il représente, non comme des animaux abrutis et dégoùtans, mais comme des hommes simples, grossiers, bons et sensibles, encore chers à son souvenir. Ce sentiment se reproduit en plusieurs endroits de son livre, avec un intérêt nouveau. Les momens passés à Pampoen-Kraal, il les appelle les seuls momens de sa vie où il ait connu tout le prix de l’existence. « Je ne sais quel attrait puissant, dit-il, me ramène sans cesse à ces paisibles habitudes de mon âme ; je me vois encore au milieu de mon camp , entouré de mon monde et de mes animaux. Une