Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/399

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épistolaires, en dépit du parlement, toujours fu- rieux contre cette comédie de Mahomet, toute propre, disaient messieurs, à produire des Ra- vaillac , quoique l'objet de la pièce soit de des- siller les yeux et d'arracher les poignards aux Ravaillac.

Il est heureux qiie Voltaire ait joint à ses ta- lens celui de parvenir à faire jouer ses tragédies, et de se tirer ensuite des embarras qu'elles lui cau- saient. Si quelques moralistes sévères lui repro- chaient trop durement cette souplesse flexible et cette habileté en intrigues, nous répondrions pour lui, que, dans son dessein de 6?e/2/âwerlesFranrais, il sacrifiait à ce grand but plusieurs considérations d'un ordre inférieur; qu'en faveur de cette in- tention philosophique, il se donnait l'absolution de ces petites peccadilles en morale ; qu'enfin , il était naturellement espiègle , et qu'après tout , les plus honnêtes gens d'alors succombaient à la tentation de se moquer du gouvernement : car cela s'appelait gouvernement. Ce gouvernement était si étonné de l'être , si inquiet , si peu sur de sa force _, qu'il avait peur de tout. C'est un plai- sir de voir ses transes à l'occasion du grand livre de madame Doublet. C'était un répertoire de nouvelles dont les faiseurs de bulletins trouvaient le secret d'attraper quelques bribes, accident qui alarma plus d'une fois Louis xv; c'était une grande affaire que ce livre de madame Doublet , à laquelle on essaya vainement d'imposer silence..

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