Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/417

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DE CHAMFORT- ^10

dre précieuses à Maurepas, qui, d'ailleurs, ne montre pas, dans la manière dont il parle de tous ces pamphlets , beaucoup de tact ni de juge- ment. Il rapporte une lettre écrite à Henri iv par des jeunes gens iures, et il n'y a l'ien du tout dans cette lettre qui sente l'ivresse ; elle est amère et quelquefois injuste , mais raisonnée. Il en cite une autre écrite au nom de Louis xiv à son suc- cesseur , et qui est une critique sanglante de toute l'administration de Fleury ; il a l'air de la regar- der comme une pièce victorieuse , qu'il n'était pas possible de mépriser ; et il ne s'aperçoit pas qu'elle est d'un bout à l'autre d'une mal-adresse ridicule, en ce qu'elle suppose Louis xiv repro- chant à son successeur tout ce que liii-mème avait fait, et lui donnant des leçons qui retombent de tout leur poids sur celui qui les donne : passe encore si le mort qu'on fait parler , était censé faire une confession , et s'il avait soin de dire : Ne faites pas ce que j'ai fait. Point du tout : il ne s'excuse que sur la bulle; sur ce seul point, il avoue qu'il a été trompé; et sur tout le reste, il s'exprime comme un mentor avec son élève. Il lui fait surtout un grand crime de ne point défé- rer aux remontrances de ses parlemens. Cela n\i- t-il pas bonne grâce dans la bouche d'un prince qui avait supprimé même le droit de remontran- ces ? Rien au monde n'était plus facile que de faire à cette satire, si mal imaginée, une réponse péremptoire, et , qui plus est, très-plaisante. Le

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