Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/443

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parce qu'il a écrit pour tous ; Rousseau surtout a fait la coustitutiou , parce qu'il a écrit pour les penseurs.

M. Soulavie a cru devoir revenir encore aux lieux communs rebattus contre les académies. J'ai dit ailleurs avec assez de détail ce que je pen- sais à ce sujet ; et j'ai assez témoi-né que , pour mon compte, il m'était très-indifférent que les académies fussent conservées ou supprimées. Mais en même -temps, j'ai distingué les époques où l'académie française , en particulier , avait mérité le reproche d'adulation ; et j'ai prouvé que ces époques étaient celles où le même reproche pou- vait s'adresser à toute la France. J'ai prouvé de plus, par des faits publics et incontestables, qu'à partir de la publication ^çV Encyclopédie ^ non seulement l'académie française n'avait point mon- tré en général un esprit adulateur , mais qu'elle avait au contraire contribué d'ui:e manière très- marquée au progrès de l'esprit public qui com- mençait à se former , de cet esprit philosophique et libre qui consistait à rappeler sans cesse les droits naturels des peuples , les principes du gou- vernement légal, et à inspirer la haine du pouvoir arbitraire et l'amour de la liberté; que, pendant vingt ans , elle fut , sous ce rapport , constam- ment en butte aux invectives de tous les bar- bouilleurs , rimailleurs , préchailieurs aux gages de la cour et du clergé ; qu'elle fut , pendant tout ce temps , publiquement notée à Versailles comme

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