Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/450

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particulièrement dans la manière dont il parle du moment très court de faveur très-légère dont ce grand homme jouit à Versailles, non pas grâce à ses talens , mais grâce à la favorite qui lui vou- lait du bien. Maurepas le représente comme tel- lement ébloui de cette lueur éphémère, qu'il pense déjà au ministère. «M. de Voltaire a, dit-on, une secrète démangeaison d'être ministre.» Il répète la même chose quelques pages après. Ceux qui ont bien connu Voltaire, n'en croiront pas un seul mot. La vérité est que, révolté de ce préjugé si orgueilleusement absurde qui mettait au dernier rang, dans la hiérarchie sociale, quiconque n'avait que du génie, et n'était ni possesseur d'un office quelconque, ni héritier d'un nom, Voltaire aurait voulu joindre, à la considération personnelle que l'opinion attachait aux talens , l'existence de con- vention qu'on attachait aux titres. Il y en avait où il pouvait prétendre, parce que d'autres gens de lettres les avaient possédés. Il eût désiré le brevet de conseiller d'état, qu'avait eu Balzac, dont Bal- zac se moquait, et dont lui-même se serait aussi moqué. Il ne voulait pas qu'un conseiller du par- lement ou même du cliâteîet affectât de se mettre au-dessus de lui, en disantes nest qit' un-auteur', il connaissait la toute-puissance des sols qui avait tout arrangé pour eux dans ce inonde ( coij.nne l'a dit heureusement M. de Boufflers); et il voulait que ces sots vissent en lui, non pas l'auteurde Zaïre et de la Henriade,ïn3iis un conseiller d'état; ce qui.

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