Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/454

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parce qu'il est ministre , et croit Voltaire très- riflicLiIe d'v prétendre, parce qu'il est poète ; mais ni le ministère , ni la poésie n'y font rien. Voltaire avait beaucoup plus d'esprit qu'il n'en faut pour avoir des lumières en administration ; mais ce qui fait surtout l'homme d'état, c'est le caractère , c'est la connaissance réfléchie, non pas de l'homme , mais des hommes ; celle-ci fait l'administrateur ; l'autre , le philosophe ou le poète. Il est fort douteux que Voltaire eut pu jamais être homme d'état ; il avait trop d'imagination ; mais il est sur que Maurepas ne l'était point : c'était un courtisan, et rien de plus. Il reproche à Volt 'ire de vouloir l'être ; Voltaire n'avait en effet que la grâce d'un courtisan, et n'en avait pas la finesse ; Maurepas l'avait. Il fait grand bruit des sarcasmes de Voltaire , et il est très- vrai qu'il ne put jamais commander à ses saillies et à son humeur; l'on sait trop que ce fut une plaisanterie un peu amère qui le perdit à Berlin; maiscelamême prouve qu'il n'eut jamais l'âme d'un esclave, même à la cour, comme on l'a très-mal à propos répété d'après ses détracteurs. J'aurai peut-être occasion d'en dire ailleurs davantage sur ces différens reproches , si légèrement hasar- dés contre un homme qui n'était point difficile à connaître , mais qui pourtant n'a pu être bien connu que par ceux qui l'ont vu de près et sans passion : il a eu trop de célébrité et trop d'çnnemis pour n'être pas jugé souvent ]>ar des

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