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DE CHAMFORT. ^5

à remplir à peu près l'objet de sa commission. Cet envoyé avait donné de son maître une très-bonne idée , en disant qu'il n'était pas colon.

Il serait trop long de détailler les motifs qui déterminèrent la visite d'une de ces hordes. Il fut prévenu par elle, comme il l'avait été par les Gona- quois. Son en^ oyé les précéda et vint annoncer leur arrivée. Plus prudens , moins insoucians que les Hottentots , ils amenaient de grands trou- peaux de bœufs. Les Hottentots de sa suite , ac- coutumés à craindre les Caffres , qui ne voient en eux que des espions de la colonie , s'effrayèrent à leur approche. M. le Vaillant les rassura et les con- tint. Il reçut ses hôtes commeles précédens, c'est-à- dire , en amis. Il marqua , à cjuelque distance de son camp , l'endroit où il voulait qu'ils logeas- sent ; et bientôt il s'établit une confiance loyale et vraie entre les deux troupes. jNIais il leur fit sentir que, par sa position , il ne pouvait contri- buer à les venger du colon leur ennemi , ni même leur donner ou leur vendre ses instrumens de fer qu'ils convoitaient beaucoup, et qui devinrent l'ob- jet de leur plus grande attention. Ce fut ainsi qu'il eut occasion d'observer leurs mœurs simples ou plutôt grossières , comme celles des Hottentots , mais un peu moins éloignées de toute civihsation. On ne peut qu'admirer leur patience , quand on songe qu'avec un bloc de granit, qui leur tient lieu d'enclume, et un autre qui leur sert de marteau, ils sont parvenus à faire des pièces aussi bien finies

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