Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/65

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DE CHAMFOnr. (jL

renoiiveller dans la suite, puisqu'il y fut mis trois fois.

Il eut été à désirer , pour le bonheur des peu- ples , qu'il s'en fût souvenu dans ses gouverne- nemens pour s'y interdire l'usage des lettres de cachet et des actes arbitraires; mais trop d'hommes ont maudit les abus de l'autorité jusqu'au moment qui les en a rendus les dépositaires, et leur a donné les moyens d'en abuser à leur tour.

Après ime assez longue détention, on lui en- voya à la Bastille sa femme , fille du marquis de Noailles , nièce du cardinal. Elle fut reçue avec la vénération due à l'envoyée du plus grand roi du monde ; mais elle retourna à la cour comme elle en était sortie. Louis xiv voulait régner sur les sentimens de ses sujets, comme il s'efforçait de ré- gner sur leurs opinions ; et le séjour du duc de Fronsac à la Bastille se trouva prolongé. Mais en- fin il obtint sa délivrance , grâce aux cris des femmes de Paris et de la cour, surtout, dit-il, de celles qui savaient ^ par expérience , quel devait être dans ma prison mon plus grand supplice.

Il partit de la Bastille pour aller à l'armée de Flandre , où le maréchal de Villars le prit pour son aide-de-camp. On sent combien le jeune Fron- sac fut agréable au général , dont il a reproduit plus d'une fois les manières libres et hardies , la vivacité brillante et une certaine audace fanfa- ronne. M. de Richelieu raconte un trait qui mon- tre combien ce général savait , malgré son âge ,

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