Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/71

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DE CHAMFORT. 6^

jouer cette comédie , et instruit par eux pour se charger du rùle : les mêmes honneurs de l'amhas- sade pubhque accordés au général des minimes, à celui des capucins arrivés de Rome sous pré- texte de visiter leur ordre , mais en effet mandés par la favorite , pour occuper le désœuvrement du roi; enfin la mort du despote , livré pendant trois jours aux soins de quelques domestiques subalternes, abandonné de son confesseur qui vient intriguer à Paris pour la régence , de sa femme qui s'enfuit à Saint-Cyr et qu'il rappelle d'autorité; la capitale célébrant sa joie par des fêtes, des fanfares , des bals établis de Paris jus- qu'au lieu de la sépulture, où le convoi arrive à travers champs , et par des routes inconnues , pour échapper à l'indignation d'un peuple qui mêle à des applaudissemens d'allégresse le nom de mauvais roi. iMaiwais roi! quel mot dans la bouche d'un peuple alors si connu par son amour pour ses monarques , si pressé de les aimer ^ pour me servir d'un mot cité par le maréchal de Richelieu lui-même ! Qu'on ne s'étonne plus si Louis xiv n'a point conservé , dans le langage ordinaire , le nom de grand que lui donna la flatterie , et qui parut presque adopté par l'Europe un moment séduite. Le peuple a protesté contre l'adulation de la cour; le peuple, c'est-à-dire, le fond de la nation si malheureuse sous ce règne , a triomphé des panégyristes , des orateurs, des poètes, de tous les dispensateurs de la gloire : lui seul dispose

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