Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/77

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pour h, Pologne ( il s'agissait de faire nommer roi Je prince de Conti ) , je vendrais tout mon bien •> j'engagerais ma femme , mes en/ans , et j'irais à pied toute ma vie, pour y fournir s il était néces- saire. Votre majesté excusera, s'il luipfait, ce petit transport. Le roi excusa sans doute le petit trans- port , comme on put le voir par Timmensité de la fortune que laissa Colbert. Mais c'étaient ces petits transports qui valaient aux ministres des gratifications énormes, des sommes considérables aux mariages de leurs enfans , des grâces de toute espèce. Voilà ce qui fournissait à Louvois ( car il avait aussi des petits transports ) tous les moyens de faire à son palais de Meudon des dépenses royales, et le mettait dans le cas de dire à ses amis : J'en suis au quatorzième million. Il faiît re- marquer que les ministres étaient sûrs de n'être jamais inquiétés, depuis que le roi s'était expliqué sur le regret d'avoir poursuivi Fouquet; et de plus ayant dit plus d'une fois : // est juste que ceux qui font bien mes affaires, fassent bien les leurs. Ils se croyaient à l'abri de tout reproche par ces mots, qui semblaient autoriser en quelque sorte leurs déprédations. Revenons aux IMémoires de Colbert.

Un de ces Mémoires passe en revue les dépen- ses inutiles, la marche et le rassemblement des armées dans les provinces, qui ruinent le royaume, pour devenir un amusement de dames ; l'état des- affaires p>7'ét à tomber; la misère des campagnes ,.

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