Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/90

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86 OEUVRES

qiiaient ce mot de jviiés en courtisans , gens qui se feraient roue?' pour lui. Le prince, plus heu- reux dans son explication , mais un peu ingrat , prétendait que ce mot voulait dire gens bons à rouer. Cependant il se laissait gouverner par eux; ils influaient sur les affaires. Le cardinal Dubois les lâchait contre les honnêtes gens qu'il voulait perdre; et Richelieu remarque positivement qu'ils firent renvoyer du ministère le respectable et la- borieux duc de Noailles , lequel ne pouvait tenir, dit-il, contre les soupers des roués., surtout ne don- nant point à diner , faute alors très-essentielle de la part d'un ministre. Plusieurs de ces roués étaient des hommes pleins d'esprit et d'agrément , tels que le jeune comte de Broglie, Noce , leur chef, que le prince appelait publiquement son beau-frère , parce qu'ils avaient la même maîtresse. Mais le plus singulier de ces messieurs était un marquis de Canillac , dont Richelieu rapporte quelques mots tres-piaisans. C'était lui qui disait à Law : « Je fais des billets et je ne les paie pas ; c'est mon système : vous me le volez , rendez-le moi. » li mê- lait quelque sentiment de décence personnelle a !x compiaisances qu'il avait pour le régent. On l'appelait le lieutenant de police nocturne , quoi- ([.l'a vrai dire , d'après le récit de ces letes, on ne voie pas ce que Canillac y empêchait; il n'en était ])as moins pour cette cour une espèce de liurrluis : ii iic devait pas être difficile d'y paraître t<'l ; mais les détails du rôle demandaient beaucoup d'esprit.

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