Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/94

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?JO OS-UVRES

l'appelait le damné; devinant comme par instinct quels hommes pouvaient un jour servir son am- bition ; et ayant, par cette sorte de pressentiment, justifié le duc d'Orléans contre les soupçons du roi; esclave des jésuites, persécuteur des jansé- nistes , sans aimer , ni haïr les uns ni les autres ; vigilant, laliorieux, et ne cherchant le délassement de ses travaux que dans un lihertinage obscur. Un goût particulier lui faisait rechercher les re- ligieuses, et l'abbaye de Tresnel fut quelque temps son sérail. Il consacrait à l'embellissement de cet hospice les profits des confiscations qui lui appar- tenaient. On peut juger le plaisir maiin que le duc de Richelieu reçut de cette découverte. Il était aimé d'une religieuse , qui le fit entrer dans le couvent, déguisé en femme, et le mit à portée de connaître les fantaisies du garde des sceaux. 11 en instruisit le public après plus de soixante ans. Sans doute il trouvait juste que, la police ayant su tous nos secrets, nous sussions à notre tour les secrets de la police.

INÏais de toutes les confidences qu'il fait au pu- blic , celle qui sera le mieux reçue sans comparai- son , c'est celle qui concerne le fameux masque de fer 11 est enfin connu ce secret qui a excité une curiosité si vive et si générale. C'était un prince , frère jumeau de Louis xiv, né à huit heures et demie ^u soir, huit heures après la naissance du roi son frère. G; fut une victime de la supersti- tion. La conduite qu'on tint à son égard, fournit

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