Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/96

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Au reste, en nommant ainsi par leurs noms tant de lemmes et de priiicesses , il piétend n'avoir eu d'autre dessein que de leur donner une leçon ins- tructive : « Les princesses doiNcnt, dit-il , songer , «comme les rois, que ceux de leurs courtisans » c[ui paraissent le plus les adorer, se permettent » quelquefois de transmettre à la postérité le ta- » bleau de leurs faiblesses. » C'est une intention très-morale dont il fa.it savoir gré au maréchal de Richelieu. Quant à lui personnellement, cette crainte de Tliistoire paraît l'avoir fort peu gêné. ]\Iais croira-t-on qu'elle ait quelquefois affligé le régent dans les dernières années de sa vie? C'est pourtant ce qui est certain : il songeait avec peine que les détails de ses licencieuses folies seraient transmis à la postérité. Il faut croire qu'il ne se reprocha pas moins son gouvernement , qui ne fut guères qu'une orgie d'une autre espèce; et surtout que le princ!j)al objet de ses remords fut cette affreuse banqueroute, dont le souvenir a de nos jours été présenté au peuple comme luie menace capable de réprimer l'ardeur des Français pour la librrlé, achetée trop cher, disait-on , par un sem- blable désastre, il eut été sans doute hoiribie; mais la France avait souffert une fois ce fléau, sans en être dédommagée par la conquête; de la liberté politique, U en restant soumise; à ce même des- potisme, cause reproductive de cette calamité, comme de toutes les autres. Revenons au maré- chal de Richelieu.

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