Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/103

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DE CIIAMFORT. C^'J

que le moins qu'il est possible ; et , quand ils ne peuvent s'en dispenser, d'y éviter au moins la longueur ; car ils pourraient quelquefois être si courts qu'ils ne blesseraient pas la nature ; il nous arrive dans la passion de laisser échapper quel- ques paroles que nous n'adressons qu'à nous- mêmes. C'est encore de n'y point admettre les raisonnemens , ni à plus forte raison les récits. Quelques mouvemens entrecoupés , quelques ré- solutions brusques , sont une excuse la plus natu- relle et la plus raisonnable : bien entendu , mal- gré tout cela , que des beautés exquises de pensées et de sentimens prévaudraient pour l'effet à ces précautions ; et c'est ce que jesous-entends presque toujours dans les règles que j'imagine pour la perfection de la tragédie.

On pardonne un monologue qui est un com- bat du cœur; mais non pas une récapitulation historique. Ces avertissemens au parterre , où l'acteur annonce ce qu'il doit faire, ne sont plus permis ; on s'est aperçu qu'il y a très-peu d'art à dire : je vais agir avec art.

Cette faute de faire dire ce qui arrivera, par un acteur qui parle seul et qu'on introduit sans raison , était très-commune sur les théâtres grecs et latins : ils avaient cet usage, parce qu'il est fa- cile. Mais on eût du dire aux Menandre , aux Aristophane , aux Plante : « Surmontez la diffi- culté, instruisez nous du fait sans avoir l'air de nous instruire ; amenez sur le théâtre des person-

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