Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/124

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l 1 G CEUVRES

une maîtresse , c'est quand ils regardent , et que nous regardons avec eux, leurs enti'eprises comme des devoirs. Ils se sentent liés par lafoi des sermens; ils se reprocheraient , en osant moins , une espèce de pai'jure ; et ils nous paraissent alors autant animés par la vertu que par la passion même ; ils deviennent des héros par son objet. Si , au con- traire , ils ne sont entraînés que par l'ivresse de leur passion , ils ne nous paraissent alors que des furieux plus dignes de nos larmes que de notre estime ; et loin qu'ils nous élèvent le courage , ils ne nous attendrissent que parce que nous sommes faibles comme eux.

Unité d'intérêt. •

Je hasarderai ici un paradoxe : c'est qu'entre les premières règles du théâtie , on a presque ou- blié la plus importante. On ne traite d'ordinaire que de trois unités , de temps , de lieu et d'action : or , j'en ajouterai une quatrième , sans laquelle les trois autres sont inutiles , et qui toute seule ])ourrait encore produire un grand elïet : c'est l'unité d intérêt , qui est la vraie soui'ce de l'émo- tion continue ; au lieu que les trois autres condi- tions , exactement remplies , ne sauveraient pas un ouvrage de la langueur.

On peut ajouter aux réflexions ci-dessus , que, pour j)ro(luir(î l'intérêt nécessaire à la ti'agédie , les nîO}ens les plus propres sont, premièrement,

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