Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/14

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Voilà des interlocuteurs , voilà le dialogue , et par conséquent un germe de la tragédie. Avant lui , rien de tout cela : c'est donc Eschyle qui en est le père.

Sophocle et Euripide coururent après lui la même carrière ; et en moins d'un siècle , la tragédie grecque , qui avait pris forme tout d'un coup entre les mains d'Eschyle , arriva au point où les Grecs nous l'ont laissée : car , quoique les poètes dont je viens de parler , eussent des rivaux d'un très- grand mérite , qui même l'emportèrent souvent sur eux dans les jeux publics , les suffrages des contemporains et de la postérité se sont néanmoins réunis en leur faveur. On les reconnaît pour les maîtres de la scène ancienne ; et c'est uniquement sur le peu de pièces qui nous restent d'eux , que nous devons juger du théâtre des Grecs.

Aussi les passions principales que touche Homère, sont-elles conformes à la durée de son poème et à la nature de l'homme^ considéré comme lecteur; c'est la joie , la curiosité et l'admiration , passions douces, qui peuvent altaclier long-temps le cœur sans le fatiguer : au lieu que la terreur, l'indi- gnation , la haine , la compassion , et quantité d'autres dont la vivacité peut épuiser lame , ne sont traitées dans \ Iliade qu'en passant, et toujours avec subordination aux passions modérées qu'on y voit régnei-. Mais dans un spectacle (pii doit peu durer, les passions vives peuvent jouer leius jeux, et de subalternes qu'elles sont (l;uis le j)<)ème;

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