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DE CHAMFORT. r33

dans l'âme des personnages et des spectateurs. L'imporiance Je la matière fait que nous la di- viserons : nous parlerons des coups de théâtre dans la tragédie et dans la comédie , en commen- çant par la première.

Le poème épique admet ces surprises, qui ajoutent à l'intérêt ; quoiqu'il y en ait peu dans Homère , il peut même en ceci être regardé comme inventeur, en ayant donné l'idée aux poètes tragiques. L'arrivée de Priam au camp d'Achille , la nouvelle de la mort de Patrocle, peuvent passer pour de vrais coups de théâtre , puisqu'elles font naître dans l'âme du héros des mouvemens divers , et qu'elles y excitent des combats.

La simplicité de l'action, chez les Grecs, ne permettait pas qu'ils fussent parmi eux si fré- quens que sur nos théâtres : la reconnaissance est un de ceux qu'ils employaient le plus ordi- nairement.

Le coup de théâtre le plus frappant de la scène grecque, était le moment où un vieillard venait, dans le Ciesphonte d'Euripide, arrêter Mérope prête à immoler son fils, qu'elle prenait pour l'as- sassin de ce fils même.

La double confidence de Jocaste et d'OEdipe, dans Sophocle ; les pleurs d'Eiectre sur l'urne de son frère, qu'elle embrasse devant ce frère qu'elle croit mort, sont ce que la tragédie ancienne of- fre de plus beau en ce genre.

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