Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/149

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DE CHAMFOET. I^f

temps de produire son degré de crainte , de ter- reur ou de ridicule , avant de passer à un autre , lequel doit enchérir sur le précédent, et ainsi de suite jusqu'au dénoùraent.

On demande, par rapport à l'incident principal de la tragédie, de quelle nature il doit être . On répond qu'il doit être terrible ou pitoyable , c'est- à dire , produire la terreur ou la pitié.

Tout ce qui se présente , arrive entre des amis, entre des ennemis , ou entre des personnes indif- férentes.

Un ennemi qui tue ou qui va tuer son ennemi , n'excite d'autre pitié que celle qui naît du mal même ; mais lorsque cela se fait entre des amis ; qu'un frère tue ou va tuer son frère , un fils son père , une mère son fils , ou un fils sa mère , ou qu'ils commettent quelque chose semblable, c'est ce qu'il faut chercher.

Voilà pourquoi l'on ne doit pas changer les fables déjà reçues : par exemple , il faut que Cly- temnestre soit tuée par Oreste , et Eriphyle par Alcmaeon.

Mais le poète doit inventer lui-même, en se servant, comme il fait, des fables reçues; c'est-à- dire , on peut représenter des actions qui se font par des gens qui agissent avec une entière con- naissance et qui savent ce qu'ils font , et c'était la pratique des anciens poètes.' Euripide l'a suivie Jorsqu'il a représenté Médée tuant ses enfans. On peut aussi faire agir des gens qui ne con-

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