Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/153

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DE CflAMtORT. -l45

Il ne faut jamais attendre que le théâtre soit dans la chaleur et l'activité de l'intrigue , pour faire ces délibérations , parce qu'elles la ralentissent et en étouffent les beautés. Le second acte , ou tout au plus le conMnencement du troisième , paraissent en être la place naturelle.

Il y en a cependant qui ouvrent la scène ; telle est celle de Brutus, où l'on examine s'il faut rece- voir ou non l'ambassadeur de Tarquin : mais cette délibération n'étant pas en elle-même d'une extrême importance , et n'occupant pas la scène entière , ne conclut rien contre la règle que nous venons d'établir. Celle d'Auguste est au second acte ; celle de Mahomet au second acte ; celle de Mithridate au commencement du troisième.

IMais la condition la plus nécessaire , c'est que la déhbération même soit tellement attachée au sujet , et que ceux qui donnent conseil soient si fort intéressés en ce qu'ils proposent , que les spectateurs brûlent d'envie de connaître leurs sentimens. Il faut , de plus , que le parti qu'on prendra ait de l'influence sur tout le reste de la pièce.

La délibération d'Auguste remplit toutes ces conditions : elle est importante , elle intéresse tout l'univers connu ; elle saisit le spectateur , informé de la haine d'Emilie , de l'amour de Cinna , de la conspiration faite contre l'empereur. On veut savoir ce que diront Cinna et Maxim<i , quel parti ils prendront ; ils deviennent des ac-

IV. I f )

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