Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/158

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qu'ébaucher cette partie de leur art. Homère fût leur maître eu ceci comme en tout ; mais il n'alla pas beaucoup plus loin que ses imitateurs. Achille, Agamemnon, Ajax , Ulysse , sont peints plus for- tement dans l'Iliade cpie dans les poètes qui les ont introduits sur la scène, quoique le théâtre existe des ti'aitsplus caractérisés. C'est que les tra- giques grecs, contens de dessiner d'après Homère, et de ne point démentir l'idée qu'on s'était faite de leurs personnages, ne songeaient point à y ajouter.

Ce sont les modernes qui ont senti les premiers que chaque mot échappé à leur personnage de- vait peindre son âme , la montrer tout entière , la distinguer de tous les autres, d'une manière neuve et frappante, renforcer son caractère , et le porter au point par-delà lequel il cesseiait d'être dans la nature.

C'est Corneille qui nous a donné les premières leçons de ce grand art ; et s'il y a manqué dans Cinna qui est quelquefois trop avili , dans Horace qui devient l'assassin de sa sœur, on le retrouve dans Rodrigue^ Chitncne , Pauline^ Cléopâtre et Nicomèdc.

Racine est admirable en cette partie ; et hors Néron et Mithridatc , dégradés par la superche- rie dont ils usent envers leurs rivaux, tous les autres soutiennent l'idée que le poêle a donnée d'eux dès les premiers vers, et chaque mot y ajoute un nouveau trait. Toutes ses pièces et celles

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