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DE CHAMFORT. 1 73

sionné , comme dans Jtjs et dans Arinide. C'est la réunion de ces deux talens qui le met au-dessus de tous ceux qui ont osé marcher sur ses traces dans la carrière qu'il s'était ouverte.

AMOUR CONJUGAL.

Ox a cru long-temps que l'amour conjugal n'é- tait pas propre au théâtre : on se tondait sans doute sur ce que la possession refroidit les désirs, et que les sentimens du devoir ne sauraient être aussi vifs que ceux qui sont irrités par la défense.

Si l'expérience du théâtre a souvent confirmé ce préjugé, ce n'est pas à la nature, c'est aux poètes qu'il faut s'en prendre. Ou ils n'ont pas mis les époux dans des situations assez fortes pour déployer une passion vive; ou ils n'ont pas mis dans leurs discours les mêmes sentimens de déhcatesse , ni cette chaleur qu'ils prodiguaient dans les discours des amans : eiî w\\ mot, ils ont moins fait sentir la passion que le devoir, et il est vrai que ce n'est pas assez. Ils pouvaient bien par là attirer l'approbation, exciter l'admiration même , mais non pas cette pitié qiii fait entrer , pour ainsi dire, toute l'âme du spectateur dans l'intérêt du personnage.

Joignez l'excès de la passion aux règles étroites du devoir; que deux personnes soient l'une à l'autre, par sentiment, ce que Ja vertu exige qu'elles soient; que leurs discours et leurs actions

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