Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/207

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DE CH.^MFOÎIT. HJf)

Ciiina , où une amante expose son amant pour venger son père , où un empereur pardonne à son assassin qu'il avait comblé de bienfaits; dans Polieucte , où une femme se sert du pouvoir qu'elle a sur son amant , pour sauver son mari ; dans Héraclius , où deux amis se disputent l'hon- neur d'être fils de Maurice , pour mourir au lieu de régner.

Corneille a même soutenu des pièces entièn^s avec ce seul ressoj^t : tels sont Sei^torius ^ et sur- tout Nicotnède , où l'on voit un jeune prince opposer une âme inébranlable et calme à l'or- gueil despotique des Romains , à la perfidie d'une marâtre , et à la faiblesse d'un père qui le craint et qui est prêt à le haïr. « Le caractère de Nico- mède , dit Voltaire , combiné avec mie intrigue comme celle de Rodogune , aurait été un chef- d'œuvre. »

Cependant il paraît que l'exemple de Corneille est trop dangereux pour pouvoir être imité; l'ad- miration est un sentiment qui s'épuise et qui de- mande à finir ; Corneille lui-même , malgré son génie , n'a pu éviter la langueur dans les pièces où il a fait , de l'admiration , la base du tragique.

L'adresse consiste à combiner l'admiration avec le ressort de la terreur et de la pitié : quand ces trois moyens sont réunis ensemble , l'art est porté à son comble.

Racine semble avoir , à l'exemple des Grecs négligé d'exciter le sentiment de l'admiration

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