Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/252

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Mais tremblez que son père aujourd’hui, dans ces lieux,
n’ait de la trahison la preuve sous ses yeux.


ZÉANGIR.


Quoi ! … non, je ne crains rien, rien que la
calomnie.
Rougissez du soupçon qui veut flétrir sa vie :
il est indigne, affreux.


ROXELANE.


Modérez-vous, mon fils.
Eh bien ! Nous pourrons voir nos doutes éclaircis.
Cependant vous deviez, s’il faut ici le dire,
excuser une erreur qui vous donne un empire.
Vous le sacrifiez ; quel repentir un jour ! …


ZÉANGIR.


Moi ! Jamais.


ROXELANE.


Prévenez ce funeste retour.
Quel fruit de mes travaux ! Quel indigne salaire !
Savez-vous pour son fils ce qu’a fait votre mère ?
Savez-vous quels degrés, préparant ma grandeur,
d’avance, par mes soins, fondaient votre bonheur ?
Née, on vous l’a pu dire, au sein de l’Italie,
surprise sur les mers qui baignent ma patrie,
esclave, je parus aux yeux de Soliman ;
je lui plus ; il pensa qu’éprise d’un sultan,
m’honorant d’un caprice, heureuse de ma honte,
je briguerais moi-même une défaite prompte.
Qu’il se vit détrompé ! Ma main, ma propre main,
prévenant mon outrage, allait percer mon sein ;
il pâlit à mes pieds, il connut sa maîtresse.
Ma fierté, son estime accrurent sa tendresse ;