Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/257

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ZÉANGIR.


De ces affreux soupçons je confondrai l’auteur.
Mais, si j’ose, à mon tour, soigneux de mon
bonheur…


AZÉMIRE.


Faut-il que de mes vœux vous le fassiez dépendre ?
D’un trop funeste amour que devez-vous attendre ?
Nos destins par l’hymen peuvent-ils être unis ?
Thamas et Soliman, éternels ennemis,
dans le cours d’un long règne, illustre par la
guerre,
de leurs sanglans débats ont occupé la terre ;
et, malgré ses succès, votre père, seigneur,
laisse au seul nom du mien éclater sa fureur.
Je vois que votre amour gémit de ce langage ;
mais mon cœur, je le sens, gémirait davantage,
si le vôtre, seigneur, par le temps détrompé,
me reprochait l’espoir dont il s’est occupé.


ZÉANGIR.


Non ; je serai moi seul l’auteur de mon supplice ;
cruelle ! Je vous dois cette affreuse justice.
Mais je veux, malgré vous, par mes soins
redoublés,
triompher des raisons qu’ici vous rassemblez ;
et si, dans vos refus, votre âme persévère,
mes larmes couleront dans le sein de mon frère.


ACTE 1 SCENE 5


AZÉMIRE, FÉLIME.


AZÉMIRE.


Dans le sein de son frère ! … ah ! Souvenir fatal !
Pour essuyer ses pleurs, il attend son rival !