Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/304

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SOLIMAN.


Je cède à ta douleur et si noble et si tendre.
Ah ! Qu’il soit innocent, et mes vœux sont
remplis… !
Gardes, que devant moi on amène mon fils.


ZÉANGIR.


aux gardes.
mon père… demeurez… ah ! Souffrez que mon zèle
coure de vos bontés lui porter la nouvelle ;
je reviens avec lui me jeter à vos pieds.


ACTE 4 SCENE 3


Soliman, seul.
ô nature ! ô plaisirs trop long-temps oubliés !
ô doux épanchemens qu’une contrainte austère
a long-temps interdits aux tendresses d’un père !
Vous rendez quelque calme à mes sens oppressés,
égalez vos douceurs à mes ennuis passés.
Quoi donc ! Ai-je oublié dans quels lieux je respire ?
Et par qui mon aïeul, dépouillé de l’empire,
vit son fils ? … murs affreux ! Séjour des noirs soupçons,
ne me retracez plus vos sanglantes leçons.
Mon fils est vertueux, ou du moins je l’espère.
Mais si de ses soldats la fureur téméraire
malgré lui-même osait… triste sort des sultans
réduits à redouter leurs sujets, leurs enfans !
Qui ? Moi ! Je souffrirai qu’arbitre de ma vie…
monarques des chrétiens, que je vous porte envie !
Moins craints et plus chéris, vous êtes plus heureux.
Vous voyez de vos lois vos peuples amoureux