Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/309

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SOLIMAN.


Mes enfans, suspendez ces généreux débats.
ô tendresse héroïque ! Admirables combats !
Spectacle trop touchant offert à ma vieillesse !
Mes yeux connaîtront-ils des larmes d’allégresse ?
Grand dieu ! Me payez-vous de mes longues
douleurs ?
De mes troubles mortels chassez-vous les horreurs ?
Non, je ne croirai point qu’un cœur si magnanime
parmi tant de vertus ait laissé place au crime.
Dieu ! Vous m’épargnerez le malheur…


ACTE 4 SCENE 5


les précédens, Osman.


OSMAN.


Paraissez :
le trône est en péril, vos jours sont menacés.
Transfuges de leur camp, de nombreux janissaires,
des fureurs de l’armée insolens émissaires,
dans les murs de Byzance ont semé leur terreur ;
séditieux sans chef, unis par la douleur,
ils marchent. Leur maintien, leur silence menace.
En pâlissant de crainte, ils frémissent d’audace ;
leur calme est effrayant ; leurs yeux avec horreur
des remparts du sérail mesurent la hauteur.
Déjà, devançant l’heure aux prières marquée,
les flots d’un peuple immense inondent la mosquée ;
tandis que, dans le camp, un deuil séditieux
d’un désespoir farouche épouvante les yeux,