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DE CIIAMFOr.T. 5.3

que le chœur étant l'origine de la tragédie , ils étaient persuadés qu'il devait en être la base.

Le chœur, ainsi incorporé à l'action, parlait quelquefois , dans les scènes , par la bouche de son chef^ appelé Chorypliée. Dans les intermèdes, il donnait le ton au reste du chœur, qui remplis- sait par des chants tout le temps que les acteurs n'étaient point sur la scène : ce qui augmentait la vraisemblance et la continuité de l'action.

Outre ces chants , qui marquaient la division des actes , les personnages du chœur accompa- gnaient quelquefois les plaintes et les regrets des acteurs sur des accidens funestes arrivés dans le cours d'un acte : rapport fondé sur l'intérêt qu'un peuple prend ou doit prendre aux malheurs de son prince.

Dans la tragédie moderne , on a supprimé les chœurs , si nous en exceptons XAthalie et XEsther de Racine et VOEdipe de Voltaire, Les violons y suppléent. On a blâmé ce dernier usage, qui ote à la tragédie une partie de son lustre.

On trouve ridicule que l'action tragique soit coupée et suspendue par des sonates de musique instrumentale. Le grand Corneille répond à ces objections , que cet usage a été établi pour don- ner du repos à l'esprit , dont l'attention ne pour- rait se soutenir pendant cinq actes , et n'est point assez relâchée par les chants du chœur , dont le spectateur est obligé d'entendre les moralités ; que , de plus , il est bien plus facile à l'imagina-

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